Marie-Pier Daveluy
Je prononce des sentences
amovibles
dans l’antichambre des stars
un crachin sur mesure
pour les cocottes en maraude
J’embrasse,
je me déguenille
Lentement, je me prépare
pour le Nouveau-Monde
Il faudrait s’emballer sous vide
et patcher l’aurore de désir
faire pleuvoir une tempête de protons
sur la syntaxe de l’espace
vaincre en 78 tours
l’apologie du régime minceur
du poème,
fake news et tutti quanti pour l’espoir
Il pleut des mauviettes à la pelle
(la pièce n’est pas étanche
Je n’ai pas le courage de tirer
des joints)
Il y a longtemps qu’on a crevé
le jaune
pour appâter le jour
Qu’on multiplie comme un poisson d’eau douce
pour la foule, qui gobe
et en redemande
On ne peut pas prévoir
le degré d’extension de la morale
la couleur de l’élastique
On ne peut pas prévoir
jusqu’où ça ira
Secrètement, on espère
une jugeote à rendement minimal
une jauge en plastique
De façon surprenante, tout est à l’ordre
dans le couloir, rien ni personne ne traine
La sonnette de la porte de gauche
fonctionne encore
La liste s’achève
Il ne reste plus que tes mains autour
Et toi derrière
Que faire entre ici et là?
Le temps se froisse comme un mouchoir en Floride
Et tu tombes dedans
Vu d’ici,
Greenwich se balance
au bout d’une corde
l’Ouest est à l’apogée
de la catastrophe
on ne se rencontre plus
que selon le degré d’humidité relative
de nos fuseaux horaires
la mouvance des courants
de nos mers intérieures
J’aime quand tu me parles
de mes cils, c’est un bon indice
de qualité de l’air
Je ne sais pas ce qui crie le mieux
le joual ou le pain sec
J’ai mis du sucre dans mon soda,
c’est une alternative à l’eau plate
l’indéchiffrable calvaire
du citoyen moyen
qui paie toujours plus cher
pour faire colmater
l’aura de clarté du signe
comme s’il fallait faire dégazer
l’empire du quotidien
pour entrevoir la fourberie du ciel
On se tricote l’échine des saules,
à partir du balcon d’un demi-sous-sol
l’humilité des temps longs
à travers l’indigence des vents, et la tenue des saisons nobles
Il n’y a plus assez d’ombres
dans les rues pour absorber
la chute de
On pense à ensemencer
les prélarts avec
du régionalisme sentimental
Mais des fois le ciel s’amortit mieux
les pieds dehors
que dedans, avec un poqué de l’ozone en trame sonore
J’ai reçu par la poste une paire de lunettes polarisées sur l’esprit de la mort aux rats, l’extinction de la juiverie, la science de l’ultime bouchon.
La coupe chirurgicale des canalisations.
Fuck le noir! Le rouge est le nouveau beige! Fini les points de fuite, la parabole des courbes. On s’entend enfin sur la racine carrée du poème, l’aigreur de la ligne du ciel.
Il n’y a pas d’avenir dans le spectacle UV, la parade des morts lentes.
On s’adonne à la capture du zen
au living-room
Le soleil reprendra bientôt sa place
au début des semaines de sept jours
et se calera dans l’échancrure des fins de semaine
voir arriver l’avenir en tête
d’épingle
Pour d’éternels recommencements
Il y a de la douceur coincée
derrière tes genoux, de l’amour froissé
par le sens des jointures
et l’instinct du pléonasme
avancer
si tu savais,
parfois je te rencontre encore au passé simple
au détour d’un sens unique
Je retrace le parcours de tes dix doigts
et je ne trouve pas d’endroit convenable
pour mourir – il est trop tôt pour un match nul
l’instinct s’amenuise
je vis sous perfusion
en me faisant fouetter par le refrain
médiocre – d’une radio à ondes courtes
et d’un trio d’adages populaires
puisqu’on sait déjà tous qu’ici les licornes jouissent
et ne meurent pas